Après deux ans de pandémie, les professionnels de la montagne, réunis à La Plagne le 4 avril dernier à l'occasion de Ski Debrief, dressent un premier bilan très positif de l’hiver 21-22.
Alors que la saison hivernale touche à sa fin, tous les voyants sont au vert, et même nettement supérieurs aux prévisions, après une crise inédite. De quoi rebooster l’optimisme de l’écosystème montagnard. « Nous sommes passés de l’ombre à la lumière », résume Vincent Rolland, co-président de L’Agence Savoie Mont-Blanc.
+18 % dans les magasins
À la mi-mars, les magasins de ski affichent une croissance 18 %, à la vente comme à la location, dopée par une hausse du panier moyen. « Les gens avaient envie de se faire plaisir et ont choisi le meilleur matériel », confirme Julien Gauthier. Mais le directeur du développement de Skiset et vice-président de l’Union Sport & Cycle (USC), de rappeler aussi que cette saison n’a pas été de tout repos. « Nous avons été sur le fil tout le long, avec la crainte de voir les domaines skiables refermer à nouveau, au pic de la cinquième vague de Covid-19. » Un contexte social chahuté, renforcé par les problèmes de recrutement des saisonniers, la Covid à gérer qui a désorganisé les équipes, et aussi l’absence de la clientèle Britannique jusqu’à la mi-janvier.
Mais l’envie de skier a été la plus forte. « On nous a rebattu les oreilles, l’an dernier, qu’il fallait changer de modèle mais ce qui attire le monde, c’est d’abord le ski alpin », martèle, encore une fois, Jean-Luc Boch, maire de La Plagne Tarentaise et président de l’ANMSM.
D’après les derniers chiffres de DSF, la fréquentation des domaines skiables progresse légèrement de 1 % au 15 mars, par rapport aux trois années précédentes skiées (hors Covid). Cette tendance s’est accélérée pendant les vacances de février, enregistrant +4 %. Une forte appétence pour le ski alpin que corroborent aussi les écoles de ski. Pour Éric Brèche, président de l’École du Ski Français, « la saison se terminera sur une hausse de 0 à 10 % selon les stations », qui note une nette augmentation des cours particuliers en janvier et un bond de 36 % des ventes en ligne des cours de ski.
Forte appétence pour le ski
Une des raisons à cela, l’apparition d’une néo clientèle de 20-30 ans, en provenance des grandes métropoles françaises. « Il s’agit de primo skieurs, adeptes des courts séjours, qui ont préféré venir à la montagne plutôt que d’aller passer un week-end à Barcelone », indique Julien Gauthier, s’appuyant sur une étude réalisée par l’USC. Reste à transformer l’essai. Il y a aussi fort à parier que les campagnes de communication destinées aux jeunes sur les réseaux sociaux ont contribué à l’attractivité de la destination montagne.
Alors que le ski de piste confirme sa suprématie, le ski de fond réalise sa deuxième saison historique, après un hiver 2021/2021 record. « La forte hausse des préventes prouve que nous avons réussi à fidéliser les clientèles de l’hiver dernier », se réjouit Marine Michel, la président de Nordic France, mettant en avant un large panel d’activités depuis la raquette à neige au biathlon, activité qui performe, boostée une fois de plus par les excellents résultats des athlètes français aux JO de Pékin. À date, le montant global des redevances s’élève à 13 millions d’euros, contre 10 millions en moyenne les hivers précédents.
Mécaniquement, les stations françaises voient leur fréquentation croître à 62,2 %, soit +0,5 %, tous massifs confondus (elle est de 64 % dans les Alpes du Nord). Les hébergements aussi. Les hôtels et meublés ont remporté les faveurs des clientèles (respectivement +10 %), à contrario des clubs et résidences de tourisme (-4 %). « Les vacanciers ont favorisé les hébergements individuels en période de Covid », indique Patrick Provost, président de l’Observatoire des stations de montagne de l’ANMSM et maire de Saint-François Longchamp (Savoie). Pour les vacances de Printemps, les réservations semblent plutôt bien orientées, et feront peut être la différence en cette fin de saison, en raison des dernières chutes de neige.
Vers une baisse des investissements ?
En dépit d’un hiver plutôt exceptionnel en sortie de crise, les exploitants de remontées mécaniques ont fait part de leurs inquiétudes. En cause, la hausse des coûts des matières premières et de l’énergie qu’ils subissent de plein fouet. DSF, par la voix de Yves Dimier, président de la commission économie, anticipe « un impact sur les investissements futurs », dans un contexte d’inflation et de guerre en Ukraine, qui n’arrange rien. Le prix du forfait de ski devrait aussi augmenter en moyenne de 5 % l’hiver prochain.
//Patricia Rey
©Photo CourchevelTourisme
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