Créée en juin 2020, consécutivement à la mobilisation d’une quarantaine d’entrepreneurs, l’Union des salles d’escalade (UDSE) fédère près de 200 salles en France.
Quelles ont été les conséquences de la crise sanitaire sur votre activité ?
On est vraisemblablement ceux quiont été le plus touchés après lesboîtes de nuit. Que ce soit en termes de protocole sanitaire ou de jours de fermeture (plus de 250 au total). Personne n’a mis la clef sous la porte et des salles se sont même créées pendant la crise. Les aides n’ont pas suffi et les emprunts vont être à rembourser... Le secteur reste dynamique. Il y a plus de trois millions de pratiquants dans nos salles. On a hâte de laisser tout ça derrière nous.
Quel bilan tirez-vous de votre rapprochement avec l’Union sport & cycle ?
Nous sommes très content de cette collaboration qui n’allait peut-être pas de soi. Mais leur compétence, leur lobbying, leur expertise nous ont été et sont encore très utiles. Notre seule mission est de défendre l’intérêt de nos membres et ils nous aident à la défendre au mieux alors que nous sommes encore dans la gestion de la crise Covid. Une commission « Verticalité » a été créée pour regrouper l’ensemble des acteurs du secteur et travailler sur les tendances et mutations du secteur.
Quels sont les chantiers à lancer dans les mois à venir ?
Pour le moment, on s’est structuré et on a donné une image positive de notre secteur. La défense de nos intérêts a popularisé notre activité, les Jeux olympiques sont passés par là même si l’effet JO est modeste. Mais il y a encore beaucoup à faire dans les domaines du sport santé, du sport sur ordonnance, du sport sénior ou du sport enfant... On souhaite également travailler avec la filière
STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives, ndlr), se faire connaître des étudiants qu’on est amené à recruter. Pourquoi ne pas créer des unités de valeur qui correspondent à nos métiers ? Ouvreur, responsable d’école d’escalade ou de stage vacances, directeur de salle... On a des besoins énormes mais ce sont des nouveaux métiers qu’il faut faire connaître. Auxquels il faut former, aussi, et on peut imaginer délivrer, un jour, nos propres certificats de qualifications professionnelles (CQP). On souhaiterait aussi travailler de manière plus soutenue avec l’Education nationale et faire venir les jeunes dans nos salles. On aimerait enfin que notre syndicat puisse délivrer des labels aux salles, sur les problématiques d’environnement, d’égalité de genres, d’accessibilité des personnes à mobilité réduite, et les faire connaître. Ce sont de gros chantiers !
Quid des conséquences, pour vous, dela loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), dont la mise en œuvre dans les entreprises de la filière du sport et des loisirs a débuté fin janvier ?
C’est est en train de se mettre en place et on en discute avec l’Union sport & cycle. Nous ne serons pas très impactés, mais si la facture augmente pour le fabricant, le distributeur, le revendeur, il sera répercuté sur le prix de nos prestations d’une façon ou d’une autre. Quand bien même nos entreprises voient cela d’un bon œil et s’engagent déjà dans des démarches citoyennes, zéro plastique, bio... Les tarifs ont déjà augmenté, d’ailleurs, du fait de l’augmentation des prix de l’énergie. On était à 14-15€, aujourd’hui c’est 16€ et certaines salles commencent à basculer sur du 17€. L’augmentation du coût d’installation, du coût de construction, alors que le marché des matériaux est tendu et que de nombreuses ouvertures de salle sont prévues, se répercute aussi. Nos prix d’abonnement vont prendre 10%, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.
Huit ouvertures, ces deux dernières années à Paris, et autant à venir dans les mois qui arrivent... N’est-ce pas trop ?
Cela commence effectivement à être tendu à Paris où, en intramuros, il faut un nombre de passages/jour conséquent pour pouvoir tenir... Les choses vont se stabiliser, un point d’équilibre va être prochainement atteint comme c’est déjà le cas dans d’autres villes, comme Lille ou Grenoble (...) Après, toutes les villes de sous-préfectures ne disposent pas de salle mais, sur des modèles économiques adaptés aux petites villes, beaucoup se sont lancés et ça marche aussi pour eux.
Le réaménagement du Cinaxe, ancien cinéma parisien, en salle d’escalade privée par la Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME) a provoqué votre courroux, fin 2021...
Ouvrir une salle à trois millions d’euros sur Paris nous semble être une gabegie, mais les tensions se tassent. Entre eux et nous, c’est une vieille histoire ! Nous avons appris à faire sans la fédération, des années durant, mais elle a besoin de nous, désormais, parce qu’il y a trois millions de pratiquants dans nos salles et que nous fabriquons du grimpeur. Alors, on se voit une fois par mois. On parle et on tente de régler les problèmes, qu’il s’agisse de formation puisqu’ils sont délégataires, ou de concurrence déloyale. C’est un dossier sur lequel on a voulu effectivement aller fort. Le point de rupture ? Qu’une salle ouverte grâce à de l’argent public soit gérée par un club associatif, non assujetti à la TVA mais qui bosse comme un centre privé, installe une caisse enregistreuse et ouvre aux non-licenciés, à la séance, de 7 à 23 heures.
//G.D
© Arkose-A.Roschewitz
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