Toujours tiré par les ventes de VAE, le marché du cycle enregistre une forte dynamique en valeur ces dernières années. En 2019, les ventes ont atteint 2,3 milliards d’euros de CA, soit une hausse de 10%, indique l’USC dans la dernière livraison de son Observatoire du cycle. Mais les professionnels anticipent déjà une baisse de 15% sur l’exercice 2020.
Le marché du vélo est resté dynamique sur l’année 2019, affichant une progression de 10% en valeur pour un chiffre d’affaires qui atteint 2,3 milliards d’euros (cycles, pièces et équipement), indique l’Union Sport & Cycle (USC). Toutefois, cette hausse en valeur s’inscrit dans un marché qui recule depuis deux ans en volume. La baisse était de -3,6% en 2018 et de -2% en 2019 pour redescendre à 2,6 millions d’unités alors que les ventes atteignaient 2,8 millions en 2017. Les vélos traditionnels affichent une baisse de 4,1% en volume. Si l’on observe un « léger rebond » du vélo de route, d’autres segments « s’effondrent », en particulier le VTT (-10%), souligne le syndicat professionnel.
L’ascension du VAE
Cette progression en valeur s’explique, cette année encore, par les ventes de vélos à assistance électrique (VAE), qui poursuivent leur ascension, mais aussi par une montée en gamme généralisée des vélos achetés, qu’ils soient traditionnels ou assistés.
Avec 388 100 unités vendues (+ 12,1%) et un prix moyen en augmentation de 10 % (1 749 €), le VAE représente désormais 15% des ventes en volume et 45,2 % du marché en valeur, s’imposant comme la catégorie majeure du secteur. En termes de segments d’usage, les VAE sont toujours largement plébiscités pour les déplacements quotidiens des Français : la catégorie mobilité (vélos de ville et VTC) totalise 74% des ventes, soit une croissance de 9%. Toutefois, les VAE à usage sportif (VTTAE et route) sont en plein boom, affichant une hausse de 37% par rapport à 2018. Les VTTAE représentent le gros des ventes avec 87 000 unités (22% pdm) mais un autre segment pointe le bout de sa roue : le vélo de route à assistance électrique. Sa part de marché est encore très modeste (2%) mais après une longue période d’attentisme de la part des consommateurs et de perfectionnement des produits, le eRoad a pris son envol dans l’Hexagone passant de 4.000 à 8.000 vélos.
« Cette croissance de 9% enregistrée par les VAE de mobilité (vélos de ville et vélos tout-chemin), n’est pas mal du tout car il faut souligner que nous ne sommes pas un pays à forte culture vélo - pas encore - et que le vélo de mobilité était plutôt le plus petit de nos segments d’usage, fait observer Jérôme Valentin, président de l’Union Sport & Cycle. Par contre, dans un pays qui est plutôt vélos de loisirs, on constate que le VTTAE et le vélo de route à assistance électrique, ont une croissance bien supérieure à 37%. J’ajoute que la progression des vélos de route à assistance électrique est très significative car ils font partie des vélos les plus chers et les plus sophistiqués. »
Enfin, d’une manière générale, l’USC observe une « demande croissante de vélos de qualité », à un prix plus élevé, y compris pour les vélos traditionnels : le prix moyen des vélos en général (traditionnels et VAE) vendus en 2019 est désormais de 566 €, soit une progression de 15% par rapport à 2018. « Cela signifie que les Français achètent des vélos de meilleure facture, techniquement plus sophistiqués et aussi plus esthétiques en termes de design, offrant plus de confort pour une pratique qui s’inscrit dans la durée », analyse Jérôme Valentin.
L’Observatoire montre également une forte demande des consommateurs en matière de service de maintenance, qui ont représenté 56,4 millions d’euros en 2019. « Nous avons relevé que 75% des prestations étaient réalisées par les détaillants spécialisés, contre un quart par les magasins multisports. Cela positionne le détaillant comme l’interlocuteur privilégié du consommateur en termes de service », souligne le président de l’USC.
Spécialistes vs multisports
Les équilibres restent inchangés en ce qui concerne les canaux de distribution.
« En valeur, les détaillants spécialisés conservent leurs parts de marché à 55%, et globalement cela n’a pas évolué depuis dix ans. Par contre, dans les autres canaux de distribution, on remarque que les GSA perdent pied très significativement à -40% », note Jérôme Valentin.
« Pour les volumes, il y a une très nette domination des enseignes multisports, comme cela a toujours été le cas depuis quelques années. Il faut remarquer qu’avec une croissance de 3,2% dans un marché en baisse de 2%, les multisports prennent des parts de marché, principalement à la grande distribution. Le fait notoire est la croissance d'internet qui progresse de 17%, ce qui est loin d’être négligeable », fait observer le président de l’USC.
Des perspectives optimistes
Avec des ventes de vélos qui ont franchi la barre de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires grâce au VAE, le secteur du cycle s’inscrit dans une excellente dynamique. Mais celle-ci a été stoppée net par la crise. « La baisse due à la crise du Covid19 sera probablement de 15% cette année », estime Jérôme Valentin.
L’USC souligne les difficultés rencontrées par les détaillants spécialisés, particulièrement en trésorerie. La perte de CA des magasins spécialisés au premier semestre 2020 (vs 2019) est estimée à 170M€, soit une chute de 42%. Et encore s’agit-il d’une hypothèse basse. Selon le président de l’Union, les ventes perdues à cette période, qui est la plus grosse de l’année, ne sont pas récupérables. A moins que les diverses mesures prises pour favoriser les déplacements à vélo après le déconfinement, ne déclenchent un rebond des ventes. « Il n’y a aucune inquiétude à avoir en cas de forte demande. Les magasins et les industriels ont du stock, puisque ça fait deux mois que rien n’a été vendu, et la chaîne logistique a été rétablie », indique Jérôme Valentin.
Mais le capitaine d’industrie voit plus loin et maintient le cap du million de VAE en 2025, ce qui ferait franchir au marché des vélos la barre des 2,5 milliards d’euros (hors pièces et équipement). « Je considère que l’on a une très belle perspective dans l’avenir, à la condition que les pouvoirs publics contribuent à la culture du vélo et continuent à nous soutenir », conclut Jérôme Valentin. ///
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