Présent pour la première fois cette année à l’UTMB, le PDG de l’équipementier américain est revenu sur les ambitions et la stratégie de la marque sur le segment du trail-running.
Cette édition 2022 a été une grande première pour Brooks. Que représente l’UTMB ?
C’est tout simplement phénoménal, quelle semaine ! Les distances, le terrain… de mon point de vue, c’est le plus grand événement trail au monde. Toute la communauté est réunie ici. Et puis, le trail est en pleine expansion avec une très belle tendance de croissance. L’UTMB est donc le lieu parfait pour comprendre ce qui se joue aujourd’hui.
Justement, une importante délégation Brooks US a fait le déplacement cette année. Cela en dit beaucoup sur l’importance que vous accordez aujourd’hui au trail…
Absolument. C’était important pour nous tous de vivre cette expérience. Notre venue -en nombre- à Chamonix montre à quel point nous investissons pour gagner la confiance des traileurs. Le trail est aujourd’hui l’une de nos principales stratégies à l’échelle mondiale, de la conception des produits à la constitution de notre team d’athlètes. L’UTMB est le lieu idéal pour sentir le marché, comprendre ce qui pousse les coureurs à s’investir dans ce sport, ce que cela leur apporte. J’ai tellement appris !
Pouvez-vous nous en dire plus sur cette stratégie et les ambitions de Brooks sur le marché du trail ?
Peu de temps après mon arrivée chez Brooks en 2001, nous avons signé un partenariat avec Scott Jurek, l’un des meilleurs coureurs d’ultra de l’époque (sept fois vainqueur de la Western States de 1999 à 2005, ndlr). En tant que marque de running performante, nous nous devions de gagner la confiance des traileurs car c’est l’une des facettes de notre sport les plus exigeantes techniquement. Les chaussures, l’équipement… tout doit être parfait. Nous savions que si nous réussissions dans l’univers du trail, cela nous apporterait une vraie légitimité en matière d’innovation et de performance des produits. Nous avons donc toujours eu de grandes ambitions sur ce segment. Puis nous nous sommes concentrés sur le running route où nous sommes devenus l’année dernière la marque numéro 1 chez les détaillants sur le marché nord-américain. Mais le trail est resté très important pour nos équipes en Europe, nous nous sommes alors simplement dit « ok, désormais, faisons-en une priorité ! ». Nous allons encore investir et je pense que le trail représentera une part importante de notre activité au cours des cinq prochaines années. Pour Brooks, le business trail reste plus petit que celui de la route mais il progresse plus rapidement. Ce sera un levier important de croissance.
Justement, que représente-il aujourd’hui dans votre activité globale ?
En France, c’est entre 30% et 33% de notre business, et déjà entre 20% et 25% en Allemagne.
C’est un peu moins aux États-Unis, mais je pense que le trail aux US suit l’Europe. Il commence à se développer, reste en croissance, mais le pourcentage n’est pas aussi important qu’il ne l’est ici, en partie je pense parce que les montagnes ne sont pas aussi accessibles qu’en Europe.
L’année 2021 a été un cru exceptionnel pour la marque puisque vous avez dépassé le milliard de dollars de CA. Comment envisagez-vous la suite ?
Y a-t-il encore des possibilités de croître ? Y a-t-il davantage de place pour Brooks dans le running ? Ce sont des questions que nous nous posons après ce succès. Mais nous pensons que le running va continuer à se développer. C’est le cas depuis 1995 même s’il y a parfois un léger fléchissement. Avec la pandémie, cela s’est accéléré, en particulier sur le trail un peu partout dans le monde. Beaucoup de personnes ont commencé à courir ces deux dernières années et on voit aujourd’hui qu’elles s’y tiennent. Le running devrait donc poursuivre sa progression dans les dix prochaines années. Evidemment, c’est une opportunité incroyable pour nous. Nous avions fixé cet objectif du milliard de dollar de CA en 2011, et nous l’avons atteint. Aujourd’hui, avec notre positionnement et la façon dont nous sommes perçus par les coureurs, nous pensons pouvoir atteindre les 4 milliards de dollars de CA au cours de la prochaine décennie. C’est notre carnet de route, notre objectif.
//Propos recueillis par Thomas Héteau
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